conférence de Maurice LABBE

Les plantes messicoles
mercredi 11 mai 2011
par  Martine Astor

Maurice Labbé lors de sa conférence (photo Martine Astor)

Les messicoles, plantes compagnes des moissons
(Texte accompagnant le diaporama présenté salle du CREA par Maurice Labbé le 1er avril dans le cadre de la Société d’Etudes Millavoise)

Le qualificatif "messicoles" étant employé dans des acceptions très variées, il nous a semblé utile, alors que l’on parle de protéger ces espèces, d’en préciser les limites. On en exclut, sauf cas de quelques bulbeuses, toutes les plantes vivaces, toutes les bisannuelles et les annuelles estivales.
Messicole vient du latin messis = moisson associé au suffixe cole du latin colere = habiter
Puisque nous en sommes aux définitions latines, notons aussi que le mot seges (champ semé, moisson) a donné naissance aux adjectifs segetum et segetalis attribué au nom latin de certaines plantes des moissons comme par exemple le Glaïeul qui s’est appelé Gladiolus segetum.
Au sens strict, les messicoles sont ce que l’on appelle en nomenclature botanique des archéophytes (du grec arkhaios = ancien et phyton = plante), et par convention plantes introduites ou préexistantes en France avant l’année 1500 (ce qui correspond aussi à la définition des incunables pour les livres !) Les semences de ces messicoles archéophytes furent introduites le plus souvent accidentellement dans les lots de semences des céréales alimentaires ou à usage artisanal (lin) en provenance du bassin méditerranéen ou du Moyen Orient.
Les messicoles font aussi partie des adventices, terme qui signifie en botanique une espèce végétale étrangère a la flore indigène dans le territoire duquel elle est accidentellement introduite et peu s’installer, et en agronomie ce terme est plus général et signifie une plante herbacée ou ligneuse indésirable à l’endroit ou elle se trouve, elle est dans ce cas synonyme de mauvaise herbe.
Originellement, toutes les céréales étaient hivernales et on les semait en automne. Les messicoles se trouvaient cultivées à l’insu du céréalier. Mais la sélection a permis d’obtenir des variétés céréalières de printemps, et cette pratique culturale, selon la définition permet de trouver au milieu des moissons des plantes qui allongent la liste des plantes messicoles. C’est ce qui explique que la liste publiée par le conservatoire National de Porquerolles dans le cadre du Plan d’action national Messicole reconnaît 100 taxons, tandis que le conservatoire pyrénéen en reconnaît 250 pour Midi-Pyrénées. Les actes du colloque tenu à Gap en 1993 sur le thème "Faut-il sauver les mauvaises herbes" retenait 452 messicoles annuelles et 71 vivaces !
Au sens archéophytes défini plus haut, on peu considérer que l’on en dénombre une trentaine dans l’Aveyron.
Avant de discuter des causes de disparition et de l’intérêt de protéger ces plantes, afin de ne pas trop fatiguer l’auditoire passons tout de suite à la présentation de quelques unes d’entre elles que nous classerons par la suite de la présentation par familles botaniques, mais commençons tout d’abord par les deux plus emblématiques d’entre elles : le Bleuet et le Coquelicot. Pour éviter toute confusion, nous nous devons de mentionner leur nom latin.
Le Bleuet Centaurea cyanus
Se nomme aussi Bleuet en occitan. Un de ses noms vulgaires "Casse-lunettes" fait allusion à l’usage médical de ses fleurs comme collyre. C’est aussi une plante cultivée pour sa valeur ornementale. Elle est mellifère.
De nombreux peintres ont utilisé cette fleur dans leurs œuvres, par exemple ce Van Gogh.
Le Bleuet de France
La Première Guerre Mondiale laissa derrière elle plus de 20.000.000 de blessés et d’invalides.
Pour leur venir en aide, deux infirmières de l’Hôtel National des Invalides, Charlotte Malleterre et Suzanne Leenhardt eurent l’idée de créer des 1925 un atelier pour les pensionnaires des Invalides ou ceux-ci confectionnaient des fleurs de bleuets en tissu pour les aider à reprendre goût à la vie et subvenir en partie à leurs besoins par la vente de ces fleurs.
Plusieurs hypothèses sont avancées sur l’origine de ce symbole national du souvenir.
Ce serait un héritage des tranchées, un souvenir de ces jeunes soldats arrivés dans leur uniforme bleu horizon qui remplaçait le pantalon rouge garance. Ils furent baptisés "bleuets" par leurs aînés Poilus.
On a aussi émis l’hypothèse que le bleuet, malgré le chaos a continué de pousser sur les terres bouleversées par les obus, et enfin que le bleu est la première couleur du drapeau National.
Cette initiative se développa et il fut décidé à l’occasion du 11 novembre 1934 de vendre les fleurs fabriquées dans ces ateliers sur la voie publique (128.000 furent vendues à Paris !). en 1935 l’état décida de généraliser cette vente à toute la France, et en 1957 un second jour de collecte fut étendu au 8 mai. Ce symbole est le coquelicot en Angleterre et la Marguerite en Belgique.
Le Coquelicot Papaver rhoeas
Il doit son nom français à la couleur de sa fleur qui évoque la crête d’un coq, corico étant devenu coquelicot. Quand au nom latin de son genre : Papaver, il viendrait de papa "bouillie", les graines ayant été mêlées autrefois à la bouillie des enfants pour les endormir. L’abbé Coste l’appelait Rouèlo, et il indiquait qu’ils sont employés comme pectoraux, adoucissants, calmants, sudorifiques, notamment dans les catarrhes pulmonaires. Un voisin n’est-il pas le Papaver somniferum ! Les jeunes feuilles (en rosettes) peuvent se consommer crues en salade ou cuites en mélange.
La fleur ne dure qu’un jour mais un pied peut en donner 400 en une floraison. Ses graines échappent difficilement au tri et nettoyage des semences, et la plante aux désherbants, aussi en dehors de nos régions le coquelicot se réfugie dans les terres remuées au bord des voies ferrées et des autoroutes ou il est ressemé. On trouve également trois autre espèces : Papaver dubium, argemone et hybridum qui se reconnaissent par leurs capsules.
Le coquelicot inspira lui aussi les peintres comme par exemple Monnet ou Van Gogh.

Quelques messicoles classées par familles botaniques

Apiacées (Ombellifères)
Bifora radians Bifora rayonnante
(Il existe également une autre espèce voisine : Bifora testiculata)
Cette petite ombellifère est certaines années très abondante sur le Larzac et reconnaissable à sa très forte odeur de coumarine.
Bunium bulbocastanum Noix de terre
Sa racine renflée est comestible crue ou cuite et à un goût rappelant celui de la châtaigne.
Bupleurum rotundifolium Buplèvre ovale. Elle aurait été consommée dans l’antiquité.
Caucalis platycarpos Caucalis à fruits larges. Selon François Couplan, cette plante était encore récemment consommée dans la région de Montpellier.
Orlaya daucoides Orlaya fausse-carotte
Orlaya grandiflora Orlaya à grandes fleurs.
Scandix pecten-veneris Peigne de Vénus. Les feuilles crues ou cuites étaient consommées par les anciens Egyptiens. Ses fruits sont composés de deux graines pourvues de longs becs de 4 à 6 cm. Leur arcure plus ou moins prononcée en fonction du degré hygrométrique de l’air et une torsion tendent à enfoncer la semence dans le sol, c’est une auto plantation.
Torilis leptophylla Torilis à folioles étroits.
Turgenia latifolia Turgenie à larges feuilles.

Astéracées (Composées)
Nous avons déjà décrit le Bleuet, mais nous devons aussi mentionner le Chrysanthème des moissons, Chrysanthemum segetum qui dans sa variété à grandes fleurs est utilisée comme plante ornementale.
Boraginacées
Parmi ces plantes, citons le Lithospermum arvense ou Grémil des champs. Les fruits des Lithospermum ressemblent à de petites pierres d’où leur nom latin.

Brassicacées (Crucifères)
Calepina irregularis Calépine
Camelina microcarpa Caméline à petits fruits. Une Caméline, la Camélina sativa ou lin bâtard était autrefois cultivée pour ses fibres et ses graines qui fournissaient une huile comestible.
Conringia orientalis Vélar d’Orient, Roquette d’Orient. Ses feuilles sont comestibles crues ou cuites.
Iberis pinnata Ibéris penné. Les ibéris sont cultivés sous le nom de Corbeille d’argent.
Myagrum perfoliatum Myagre.
Neslia paniculata Neslie en panicule.
Sinapis alba Moutarde blanche. Toutes les moutardes : Sinapis alba, alba subsp.alba, alba subsp. dissecta, arvensis ont les mêmes propriétés et furent cultivées comme légume, mais surtout pour les graines qui entrent dans la composition de la moutarde du commerce, de la même façon que la Moutarde noire Brassica nigra. Sinapis alba a des siliques contenant 3 à 4 graines contre 8 à 13 pour S. arvensis. Avec la farine fraîchement moulue, on fabrique des cataplasmes et sinapismes que tous les anciens ont bien connus.
Thlaspi arvense Tabouret des champs. Les jeunes feuilles peuvent être consommées et les graines contiennent le même glucoside que la Moutarde noire.

Campanulacées
Legousia hybrida Spéculaire hybride
Legousia speculum-veneris Spéculaire miroir-de-vénus, ainsi nommée pour la couleur lumineuse de sa corolle. Elle est souvent associée avec coquetterie avec le Peigne de Vénus et les cheveux de Vénus, nom donné a la cuscute de la luzerne ! Elle a été consommée crue en salade.

Caryophyllacées
Agrostemma githago Nielle des blés. Ses graines, qui contiennent une saponine toxique peuvent provoquer des troubles digestifs, respiratoires et cardiaques, ce qui rendait la farine toxique. Les graines contiennent aussi 60% d’amidon. La toxicité disparaissant à la chaleur, après fermentation, on en aurait fait un alcool en Russie.

Euphorbiacées
Euphorbia falcata Euphorbe en faux

Fabacées (Légumineuses ou Papilionacées)
Vicia pannonica Vesce striée
Vicia villosa Vesce velue
Les vesces en général ont des fèves contenant des graines riches en protéines, utilisées en alimentation humaine et surtout en fourrage.
Viola tricolor Pensée à trois couleurs.

Hyacinthacées
Ornithogalum nutans Ornithogale penché. Une espèce voisine, O. pyrenaicum est appelée aspergette car les jeunes pousses sont comestibles.

Illécébracées
Scleranthus annuus Scléranthe annuel.

Iridacées
Gladiolus italicus Glaïeul d’Italie ex Gladiolus segetum

Lamiacées (Labiées)
Ajuga chamaepitys Bugle petit pin. Parfois utilisée comme ornementale.

Liliacées
Allium scorodoprasum Ail rocambole. Bulbes et feuilles sont consommées, porte de nombreuses bulbilles violacées au sommet de la tige
Gagea villosa Gagée des champs
Tulipa agenensis Tulipe d’Agen
Tulipa gesneriana Tulipe de Gesner
Tulipa Sylvestris subsp. australis Tulipe des bois australe assez commune sur le Larzac
Tulipa sylvestris subsp sylvestris

Papavéracées
Nous avons déjà décrit le coquelicot. Dans cette famille, on trouve aussi :
Glaucium corniculatum Pavot cornu, cultivé comme plante ornementale.

Poacées
On classe ici des plantes telles que le Vulpin des champs, le Jouet de vent, l’Avoine à chapelets , l’Avoine cultivée, les Bromes des champs et faux-seigle mais celle qui a connu un passé riche et mouvementé est sans conteste le Lolium temulem, c’est-à-dire l’Ivraie enivrante (jol en occitan). Ses propriétés psychotropes sont bien connues : délires, troubles visuels et "transports furieux". Elles sont dues à l’alcaloïde nommé "tuméline". P.Fournier a bien décrit également tous les autres symptômes. L’autre nom de cette plante souvent utilisé sans en connaître l’origine exacte est la zizanie, du grec zizanion qui est d’origine sémite. Semer la zizanie c’est jeter le trouble, à ne pas confondre avec Zizania aquatica d’Amérique du nord et d’Asie qui est consommée sous le nom de riz noir sauvage.
La tuméline n’est pas directement produite par l’ivraie mais par le mycélium d’un champignon (Acremonium lolii, de l’ordre des clavicipitales comme l’ergot du seigle), champignon qui envahit toute la plante. L’homme n’est pas le seul à y être sensible, mais aussi les chevaux et les moutons, tandis que le chat est peu sensible. Les vaches, porcs et volailles ne sont pas affectés.
De même que pour l’ergot du seigle, la semence de l’ivraie étant d’une taille voisine des céréales, elle est difficile à séparer par les moyens mécaniques rudimentaires. Il est difficile de séparer le bon grain de l’ivraie !

Polygonacées
Polygonum Bellardii Renouée de Bellardi.

Primulacées
Androsace maxima Grande Androsace a parfois été utilisée comme diurétique.
Renonculacées
Cette famille est très bien représenté dans le cortége des messicoles et, en dehors des Coquelicots et Bleuets, c’est ici que l’on trouve les plus belles plantes telles les Adonis, Pieds-d’alouettes, Nigelles etc.

Adonis d'automne (Photo Maurice Labbé)

Adonis, suivant la fable, le chasseur Adonis tué par un sanglier a été changé par Vénus en une fleur rouge : "goutte de sang". Presque toutes les espèces sont cultivées comme plantes ornementales. Toutes agissent comme poison sur le cœur et l’appareil gastro-intestinal. Les racines ont été employées en usage vétérinaire, en la plante comme tonique du coeur pour l’homme, au même titre que la digitale mais moins brutal.
Adonis annua Adonis d’automne on remarquera la forme de fruits très différente.
Adonis flammea Adonis couleur de feu.
Adonis Vernalis Adonis de printemps donnée ici pour sa beauté, mais ce n’est pas une vraie messicole.
Ceratocephalus falcatus Renoncule en faux. Cette petite renoncule est assez rare on peu l’observer dans les moissons du St Affricain route de Belmont.
Les pieds-d’alouette appartiennent aujourd’hui en majorité au genre Consolida, mais autrefois Delphinium, dauphinelle, en raison de la forme du sépale supérieur qui évoque un dauphin en héraldique. Toutes ces plantes sont des poisons pour le cœur, des accidents ayant surtout été enregistrés avec les formes cultivées. On en retire de nombreuses utilisations médicinales en particulier en usage externe contre les maladies des yeux. La beauté de ces plantes explique leur utilisation comme plantes ornementales.
Consolida ajacis Pied-d’alouette d’Ajax
Consolida hispanica Pied d’alouette d’Espagne sans doute le plus remarquable de notre région, autour de "la Jasse" du Larzac et dans les cultures de la ferme de l’Hôpital.
Consolida pubescens Pied-d’alouette pubescent
Consolida regalis Pied-d’alouette royal
Les nigelles
Nigelle des blés (Photo Maurice Labbé)

Sont aussi cultivées comme ornementales. La nigelle cultivée (Nigella sativa) fournit des graines noires utilisées comme condiment, le cumin noir.
Nigella arvensis Nigelle des champs
Nigella gallica Nigelle de France
Ranunculus arvensis Renoncule des champs, elle a un fruit très caractéristique.

Rosacées
Aphanes arvensis Alchémille des champs. C’est une petite plante de quelques centimètres ne dépassant pas les 20 cm. Les feuilles en sont comestibles.

Rubiacées
Galium tricornutum Gaillet à trois pointes.
Valérianacées
Nous abordons ici un genre qui donne l’une des meilleures salades : la Mâche ou doucette, Doceta ou Lacheta en occitan.
Pour les déterminer, il faut le plus souvent avoir la plante en fruits, la forme des loges permet en effet de les reconnaître. La plupart des espèces citées sont plus ou moins rares mais présentes dans notre flore des Causses. Toutes sont sans doute comestibles, mais toutes n’ont pas le même intérêt. En voici quelques unes.
Valerianella dentata Mâche dentée
Valerianella discoidea Mâche discoïde
Valerianella echinata Mâche en hérisson, à piquants
Valerianella eriocarpa Mâche à fruits velus
Valerianella locusta c’est la Mâche potagère
Il y a aussi V. carinata, coronata, eriocarpa var truncata, pumila, rimosa etc.

Faut il sauvegarder les messicoles ?
D’une manière plus générale "faut-il sauver les mauvaises herbes " fut le thème d’un colloque tenu à Gap en juin 1993.
Les causes de la régression, voire de la disparition totale des messicoles sont bien connues :
-  Historiquement, l’amélioration du tri mécanique et l’abandon de la réutilisation des semences produites sur l’exploitation.
-  Les amendements et techniques culturales, par exemple l’apport de calcium dans les sols acides les fait régresser.
-  Les engrais chimiques qui n’ont favorisés que les gourmandes en azote.
-  L’emploi des herbicides chimiques fut la plus radicale surtout qu’elle toucha aussi les bordures et même les talus !

L’intérêt de sauvegarder ces plantes qui s’inscrit dans la sauvegarde, ce terme est peut être un peu galvaudé, de la biodiversité, nous parait une évidence, nous avons vu leur intérêt alimentaire, pharmaceutique sans doute incomplètement connu, décoratif, et aussi c’est un réservoir génétique important, notamment de résistance à certains facteurs. La plupart sont mellifères, et nous n’avons pas non plus évoqué les insectes utiles qui y sont associés. Elles font partie historiquement et culturellement de notre paysage rural.

Les moyens de la sauvegarde
Notre région et particulièrement les Causse sont parmi les régions encore privilégiées, et ceci est du principalement aux moissons qui sont utilisées en fourrage vert pour l’alimentation des ovins. Exception faite peut être des renonculacées, les messicoles peuvent être consommées par le bétail sans danger, donc pas besoin d’utiliser de coûteux traitements herbicides sur ces parcelles.
Le Conservatoire botanique pyrénéen auquel nous sommes rattachés s’est engagé dans la mise en œuvre d’un plan Régional d’action pour la conservation des plantes messicoles et plantes remarquables des cultures, vignes et vergers en Midi-Pyrénées, comme s’y sont aussi engagés d’autres Conservatoires botaniques. L’action privilégiée s’appuie sur des agriculteurs volontaires pour s’engager dans des mesures de protection de la biodiversité sur leurs parcelles cultivées.
Les tolérer en bordure de champ tout en surveillant leur impact sur les rendements induit aussi une économie d’herbicides non négligeable.
Le développement de la culture des céréales "Bio" entraînera automatiquement le retour de certaines messicoles.
Enfin tant que la subvention d’un certain pourcentage des terres en jachères sera financé par la PAC, il y a là un moyen de développer des jachères "fleuries"ou "flore sauvage" à condition d’utiliser des messicoles indigènes, de notre proche environnement.

Maurice Labbé
Mars 2010


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