Invitation à l’exposition d’affiches du prix Fabié

mardi 20 janvier 2015
par  Martine Astor

Invitation à l’exposition d’affiches du prix Fabié dont l’inauguration aura lieu le mardi 27 janvier 2015 à 18 heures 30 à la Mairie de Millau, salle des mariages.

La Société d’Études Millavoises vous invite à venir découvrir le travail des élèves qui ont participé au Prix FRANÇOIS FABIÉ 2014.
Ce travail a été effectué autour d’un poème de François Fabié intitulé "A un vieux paysan" dont nous vous rappelons le texte (ci-dessous).

C’est à partir de ce poème que les élèves des écoles et collège ont réalisé les affiches qui seront exposées à la mairie, salle des mariages, à partir du 27 janvier 2015.
Venez découvrir ce travail étonnant qui témoigne du réel intérêt de ces élèves pour la guerre de 14-18 et de leur grande créativié.

Cette exposition sera visible jusqu’au 8 février 2015.

A un vieux paysan
de François FABIÉ

Ecoute, Paysan ! Tu me fus toujours cher ;
Je n’ai guère chanté que toi, tes champs, tes bêtes,
Les saisons jalonnant tes labeurs de leurs fêtes,
Et le clocher sur qui se lève ton œil clair.

Un jour j’ai pris, moi chétif, ta défense,
Contre un lourd romancier sans âme et sans essor ;
Et mes vers, décochés comme un caillou qu’on lance,
Ne l’ont pas renversé, mais on les lit encor…

Nous n’avons pas été toujours d’accord, sans doute,
Avec toi, mon ami ; j’ai dû forcer la voix
Pour te crier-en vain : « Ne détruis pas tes bois…
Ne laisse pas tes fils loucher vers la grand’route

Où passe sur son char brillant un faux Progrès
Qui peut les entraîner vers les villes lointaines ;
Il faut à tes enfants l’air qu’il faut à tes chênes,
Et la sueur de leurs bras nus sur tes guérets… »

Je te criais encor : « Debout ! Défends ta terre
Que menacent de plus en plus deux grands dangers :
La loi spoliatrice œuvre de faux bergers,
Et l’avide Teuton qui prépare la guerre !... »

La guerre ! Elle est venue, atroce et sans quartier,
A l’heure où tous nos sots la disaient abrogée ;
Et, brutale au début, par degrés enragée,
Elle dure, s’étend, gagne le monde entier.

Dès le premier appel du tambour et des cloches,
Dételant la charrue ou déposant la faux,
Ils ont bondi, tes fils, des mas et des hameaux,
Croyant la France prête et les victoires proches.

Hélas ! poitrine nue au devant des canons
Ils se sont vainement rués, fous et superbes :
Ils ont été fauchés comme ils fauchaient les herbes,
Héros obscurs, martyrs dont nul ne sait les noms…

D’autres sont accourus, car la France est prodigue
Qui sont tombés aussi,-ceux-là, du moins, vainqueurs,-
Sur la Marne, ayant fait de leurs fronts, de leurs cœurs,
De leurs bras enlacés une suprême digue.

Ils ont montré qu’ils sont ce qu’ils étaient hier,
Ce qu’ils furent toujours le long de notre histoire,
Ce qu’ils seront demain pour forcer la Victoire,
Et pour que ton vieux cœur sous ta blouse soit fier

Paysan ! car c’est toi le héros authentique,
Robuste et patient, prolifique et têtu,
De la lutte farouche où vaincra la vertu
Du sol sacré qu’on garde ou que l’on revendique ;

Toi qui par tes aînés fais le rouge labour
Du front, et par tes vieux, par ta femme et tes filles
Et tes petits derniers, frais sortis des coquilles,
L’autre labour, celui du pain de chaque jour ;

Toi qui soutiens, nourris, triomphes sans fanfare,
Souffres silencieux quand survient un revers,
Ne désespère pas, aux jours les plus amers,
Prodigue de sueurs et de larmes avare ;

Vrai sage fait au cours varié des saisons,
Et fait au pas des bœufs qui lentement se hâtent,
Songeant sur ton sillon à ceux-là qui se battent,
Croyant à leur victoire ainsi qu’à tes moissons…

C’est pourquoi, quand luira la Paix tant désirée,
Non quelque louche paix sans vaincus ni vainqueurs,
Qui n’aurait pour ciment que ruine et rancœurs -,
Mais la Paix triomphante, imposée, implorée,

Redresse, Paysan, ton grand corps aux abois ;
Et, montrant cette terre, un moment menacée,
Par tes fils défendue et tes morts engraissée,
Et par toi sous l’obus encore ensemencée,
Dis à tes petits-fils : « Elle est à vous trois fois !


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