LA PÊCHE DANS LES GORGES DU TARN jusqu’aux années 1950

lundi 30 novembre 2015
par  Martine Astor

Alain Bouviala et Pierre Bouscary lors de leur conférence

Compte rendu par Alain Bouviala de la communication d’Alain Bouviala et de Pierre Bouscary sur :

LA PÊCHE DANS LES GORGES DU TARN jusqu’aux années 1950

qui a eu lieu le
Samedi 14 novembre 2015 dans les locaux de la SEM.

La pêche à la luminade dans les gorges du Tarn en 1947 - Reconstitution.

Les méthodes de pêche étaient nombreuses mais seul le filet-épervier et la canne à pêche étaient autorisés. Gardes et maréchaussée sévissaient pour juguler le braconnage.
Les pêcheurs (pescaires) étaient spécialisés dans des types de pêche variés, ainsi avaient-ils plusieurs sortes de filets.
-  L’épervier (esparvièr) de forme arrondie, lesté et jeté dans les endroits profonds.
-  La traîne (rabala) que l’on tirait dans les gouffres (gorgs)
-  Le tramail (tremalh) à plusieurs mailles : il fallait trois personnes : deux tenaient le filet de chaque côté d’un rocher, le troisième soulevait le roc pour faire désencaver les truites qui en s’enfuyant s’accrochaient dans les mailles.
-  Les « lises », terme local, filets placés en travers du courant, espacés de 10 m.
-  Le drapeau : filet carré à petites mailles suspendu à une canne, pour les goujons.
* Les nasses en osier étaient placées près des caves, caches à poissons.
* La canne à pêche maniée par tous les membres de la famille, enfants compris.
* Les cordes, lignes de fond, de 4 à 5 mètres de long, comportaient plusieurs hameçons appâtés de vers ou de vairons (prohibés). Placées l’après-midi, les cordes étaient relevées le lendemain matin ;
* La pêche à la main (mantasta) pratiquée en période d’étiage.
* La luminade : spécialité des bateliers des Gorges du Tarn, pratiquée jusqu’aux années 1950 de Ste-Enimie jusqu’à Aguessac (et au-delà dans les Raspes à Pinet).
A une époque où la vie dans les Gorges était difficile, les gens vivaient parcimonieusement, en autarcie.
La pêche à la luminade représentait un revenu important : les truites servies sur les tables des restaurants, en période touristique, étaient très appréciées.
Bien qu’interdite cette pêche était monnaie courante, les anecdotes de poursuites par les gendarmes croustillantes.
A l’aide d’une barque et d’un brasero éclairant, l’on surprenait les truites plaquées au fond de l’eau. On les harponnait prestement. En général trois personnes étaient à la manœuvre : le pilote, deux harponneurs sur chaque flanc.
Le matériel spécifique :
-  Une barque à fond plat (barca-beta) ouvragée par le menuisier local avec des planches de pin de sept mètres de long assemblées avec des clous forgés. Elle avait un mètre de large, et parfois un petit banc en travers. L’engin était propulsé par l’homme à la poupe appuyant sur le fond de l’eau avec sa perche (perga) souvent appelée latte (lata).
-  Le récipient contenant le foyer éclairant était une sorte de chaudron à claire-voie que l’on appelait poêle (padena). Placée en déport à l’avant de la barque, à vingt centimètres au dessus de l’eau, elle était maintenue au navire par deux tiges écartées pour éviter le basculement, lesquelles se regroupaient en une « queue » fixée au plancher par un anneau. Les tiges chauffant, il fallait de temps à autre les refroidir avec de l’eau ;
-  Le foyer était alimenté de vieilles souches (de 20 ans !) de pin sylvestre (pin roge). Cette torche de résine s’appelait la tesa. On allait sur le Causse arracher ces souches avec une barre-mine ou une pioche. Pour chaque récalcitrante on l’entourait d’une chaîne fixée à un rayon de la roue de la charrette qui en tournant allait l’arracher. Ces souches débitées, gorgées de résine et allumées, produisaient une grande clarté et un voile de fumée.
-  Le harpon à cinq ou 6 dents à barbelures dit foène (fichoira) était fixé par une douille à un manche de quatre mètres de long. Il fallait aiguiser les pointes car elles s’émoussaient en tapant sur les cailloux.
-  Les paniers à poissons (banastas).


Quelques outils relatifs à la pêche à la luminade, présentés par Bernard Brengues.

Alain Bouviala.


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